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laissaient éblouir par un fantôme d’ambition et de liberté, Tacite se rendit au camp de Thrace, où le préfet du prétoire le présenta aux troupes assemblées comme le souverain qu’elles avaient demandé, et que leur accordait le sénat. Dès que le préfet eut cessé de parler, l’empereur prononça un discours éloquent et convenable à sa situation. Il satisfit l’avarice des soldats en leur distribuant des sommes considérables sous le nom de gratification et de paye ; et il sut gagner leur estime par la noble assurance que si son grand âge ne lui permettait pas de leur donner l’exemple, ses conseils ne seraient jamais indignes d’un général romain, successeur du brave Aurélien[1].

Les Alains envahissent l’Asie et sont repoussés par Tacite.

Dans le temps que le dernier empereur se préparait à porter une seconde fois ses armes en Orient, il avait négocié avec les Alains, peuple scythe, qui dressait ses tentes dans le voisinage des Palus-Méotides. Séduits par des présens et par des subsides, ces Barbares avaient promis d’entrer en Perse avec un corps nombreux de cavalerie légère. Ils furent fidèles à leurs engagemens ; mais lorsqu’ils arrivèrent sur la frontière romaine, Aurélien n’était plus, et sa mort avait au moins suspendu le projet de la guerre de Perse. Les généraux qui, durant l’interrègne, n’exerçaient qu’une autorité douteuse, ne se trouvèrent point en état de recevoir ces nouveaux alliés, ni de leur résister. Les Alains, irrités d’une

  1. Hist. Aug., p. 228.