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tir et d’habiter leur ville ; mais il est plus aisé de détruire que de réparer. Le siége du commerce, des arts et de la grandeur de Zénobie devint successivement une ville obscure, une forteresse peu importante, et enfin un misérable village. Aujourd’hui les citoyens de Palmyre, qui consistent en trente ou quarante familles, ont construit leurs huttes de terre dans l’enceinte spacieuse d’un temple magnifique.

Aurélien détruit la rebellion de Firmus en Égypte.

La vigilance d’Aurélien l’avait fait triompher de ses plus fiers rivaux. Il ne restait plus à ce prince qu’à détruire un rebelle obscur, mais qui, durant la révolte de Palmyre, s’était formé un parti sur les rives du Nil. Firmus, qui s’appelait orgueilleusement l’ami, l’allié d’Odenat et de Zénobie, n’était qu’un riche marchand d’Égypte. Le commerce qu’il avait fait dans l’Inde lui avait procuré des liaisons intimes avec les Blemmyes et les Sarrasins, qui, maîtres des bords de la mer Rouge, pouvaient pénétrer dans sa patrie et faciliter l’exécution de ses projets. Il enflamma les Égyptiens en faisant briller à leurs yeux l’espoir de la liberté ; et, suivi d’une multitude furieuse, il s’empara d’Alexandrie, où il prit la pourpre impériale, frappa des monnaies, publia des édits et leva une grande armée, qu’il se vantait d’être capable d’entretenir avec la vente seule de son papier. De pareilles forces étaient une faible défense contre celles d’Aurélien. Il est presque inutile de dire que Firmus fut défait, pris, livré à la torture, et mis à mort. Le sénat et le peuple durent alors applaudir aux succès d’Aurélien. Ce prince pouvait se féliciter