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face de plusieurs milles, et ont mérité la curiosité de nos voyageurs. Les triomphes d’Odenat et de son illustre veuve paraissent avoir jeté un nouvel éclat sur leur patrie. Palmyre, pendant quelque temps, se montra la rivale de Rome ; mais cette rivalité lui devint funeste, et des siècles de prospérité furent sacrifiés à un instant de gloire[1].

Cette ville est assiégée par Aurélien.

Tandis qu’Aurélien traversait les déserts sablonneux qui séparaient Émèse de Palmyre, les Arabes l’inquiétèrent perpétuellement dans sa marche. Il ne lui fut pas toujours possible de défendre son armée, et surtout son bagage, contre ces troupes de brigands actifs et audacieux qui épiaient le moment de la surprise, et qui, fuyant avec rapidité, éludaient la poursuite lente des légions. Leurs courses n’étaient qu’incommodes ; le siége de Palmyre offrait de bien plus grandes difficultés. Cet objet important exigeait toute l’activité d’Aurélien, qui fut blessé d’une flèche, comme il pressait en personne les attaques de la place. « Le peuple romain, dit l’empereur dans une lettre originale, parle avec mépris de la guerre que je soutiens contre une femme. Il ne connaît ni le caractère, ni la puissance de Zénobie. On ne peut

  1. Vers la fin du dernier siècle, quelques Anglais, qui étaient partis d’Alep, découvrirent les ruines de Palmyre. Notre curiosité a depuis été pleinement satisfaite par MM. Wood et Dawkins. Pour l’histoire de Palmyre, on peut consulter l’excellente dissertation du docteur Halley dans les Transact. philosoph., abrégé de Lowthorp, t. III, p. 518.