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souveraineté. La Gaule, l’Espagne et la Bretagne, l’Égypte, la Syrie et l’Asie Mineure, obéissaient toujours à deux rebelles qui, seuls de tant de prétendans, avaient échappé aux dangers de leur situation ; et pour mettre le comble à la honte de Rome, ces trônes rivaux avaient été usurpés par des femmes.

Succession d’usurpateurs en Gaule.

Les Gaules avaient vu s’élever et tomber une foule de monarques qui se succédèrent rapidement. Les vertus sévères de Posthume furent la cause de sa perte. Après la chute d’un compétiteur qui avait pris la pourpre à Mayence, il refusa d’abandonner à ses troupes le pillage de la ville rebelle. Leur avarice trompée les rendit furieux[1] ; elles massacrèrent Posthume dans la septième année de son règne. Une cause moins honorable précipita du trône Victorinus, son collègue. Les déréglemens de ce prince ternissaient ses qualités brillantes[2] : souvent, pour satisfaire ses passions, il employait la violence, sans égard pour les lois de la société, ou même pour

  1. Son compétiteur était Lollien ou Ælien, si toutefois ces noms désignent la même personne (*). Voyez Tillemont, tome III, p. 1177.
    (*) Les médailles qui portent le nom de Lollianus sont réputées fausses, excepté une seule, qui se trouvait dans le musée du prince de Waldeck : il en existe plusieurs qui portent le nom de Lœlianus, qui paraît avoir été celui du compétiteur de Posthume. (Eckh., Doct. num vet., t. VII, p. 449) (Note de l’Éditeur.)
  2. Le caractère de ce prince, tel que nous l’a laissé Julius-Aterianus (ap. Hist. Aug., p. 187), paraît si bien tracé, et d’une manière si impartiale, qu’il mérite d’être rapporté :
    Victorino, qui post Junium Posthumium Gallias rexit,