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sensiblement les deux nations par les liens les plus étroits et les plus chers[1].

Il leur cède la Dacie.

Mais la condition la plus importante de la paix avait été plutôt entendue qu’exprimée dans le traité. Aurélien retira les troupes romaines de la Dacie, et abandonna tacitement cette grande province aux Goths et aux Vandales[2]. La fermeté de son jugement lui fit apercevoir les solides avantages d’une pareille concession, et lui apprit à dédaigner la honte dont il semblait couvrir son règne, en resserrant ainsi les frontières de l’empire. Les sujets de la Dacie quittèrent des possessions éloignées qu’ils ne pouvaient ni cultiver ni défendre, et s’établirent en-decà du Danube. Bientôt le pays situé au midi de ce fleuve fut plus peuplé et plus florissant. Des terres fertiles que les irruptions fréquentes des Barbares avaient changées en déserts, furent cédées à ces hommes industrieux ; et une nouvelle province de Dacie perpétua le souvenir des conquêtes de Trajan. L’ancienne contrée de ce nom retint cependant un nombre considérable de ses anciens habitans qui redoutaient plus l’exil que la domination des Goths[3]. Après avoir

  1. Dexippus (excerpta legat., p. 12), en rapportant ce trait, l’attribue aux Vandales. Aurélien fit épouser une de ces princesses barbares à son général Bonosus, qui était très-disposé à boire avec les Goths, et très-propre à découvrir leurs secrets. Hist. Aug., p. 247.
  2. Hist. Aug., p. 222 ; Eutrope, IX, 15 ; Sextus-Rufus, c. 9 ; Lactance, De mortibus persecutorum, c. 9.
  3. Les Valaques conservent encore plusieurs vestiges