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découragement et de division s’éleva dans la flotte. Quelques chefs dirigèrent leur course vers les îles de Crète et de Chypre ; mais les principaux, suivant une route plus directe, débarquèrent enfin près du mont Athos, et assaillirent l’opulente ville de Thessalonique, capitale de toutes les provinces de Macédoine. Leurs attaques, dirigées sans art, mais avec toute la force d’un courage intrépide, furent bientôt interrompues par l’approche de Claude, qui se hâtait d’accourir sur un théâtre digne d’un prince belliqueux, à la tête de tout ce qui restait encore des anciennes forces de l’Empire romain. Impatiens d’en venir aux mains, les Goths lèvent leur camp, abandonnent le siége de Thessalonique, laissent leurs vaisseaux au pied du mont Athos, traversent les hauteurs de la Macédoine, et courent à un combat dont le succès leur ouvrait l’entrée de l’Italie.

Détresse et fermeté de Claude.

Il existe encore une lettre originale de Claude, adressée au sénat et au peuple dans cette occasion mémorable. « Pères conscrits, dit l’empereur, sachez que trois cent vingt mille Goths ont envahi le territoire romain. Si je les défais, votre gratitude sera la récompense de mes services. Si je succombe, n’oubliez pas que je suis le successeur de Gallien. La république est de toutes parts fatiguée et épuisée. Nous avons à combattre après Valérien, après Ingénuus, Regillianus, Celsus, Lolliænus, Posthume, et mille autres, qu’un juste mépris pour Gallien a forcés de se révolter. Nous manquons de dards, de piques et de boucliers. Les provinces les plus belli-