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ses états les habitans et les trésors des provinces[1].

Hardiesse et succès d’Odenat contre Sapor.

Dans le temps que l’Asie tremblait au nom de Sapor, ce prince reçut en présent un grand nombre de chameaux chargés des marchandises les plus précieuses et les plus rares ; ces richesses, dignes d’être offertes aux plus grands rois, étaient accompagnées d’une lettre noble à la fois et respectueuse de la part d’Odenat, l’un des plus illustres et des plus opulens sénateurs de Palmyre. « Quel est cet Odenat ? dit le fier vainqueur, en faisant jeter ses présens dans l’Euphrate ; quel est ce vil esclave, qui ose écrire si insolemment à son maître ? S’il veut conserver l’espoir d’adoucir son châtiment, qu’il vienne se prosterner au pied de notre trône, qu’il paraisse devant nous les mains liées derrière le dos : s’il hésite, une prompte destruction écrasera sa tête, sa race et son pays[2]. » L’extrémité cruelle où le Palmyrénien se trouvait réduit développa les sentimens généreux cachés dans son âme. Odenat se rendit devant Sapor ; mais il s’y rendit en armes, inspirant son courage à la petite armée qu’il avait levée dans les villages de la Syrie[3]

  1. Zosime (l. I, p. 25) assure que Sapor aurait pu rester maître de l’Asie s’il n’eût point préféré le butin aux conquêtes.
  2. Pierre Patrice, excerpta legat., p. 29.
  3. Syrorum agrestium manu. Sextus-Rufus, c. 23. Selon Rufus, Victor, l’Hist. Aug. (p. 192), et plusieurs inscriptions, Odenat était un citoyen de Palmyre.