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nous sont représentées d’une manière obscure et imparfaite : cependant, éclairés par une faible lueur, nous sommes en état d’apercevoir du côté de l’empereur romain une longue suite d’imprudences, de fautes et de malheurs mérités. Il se confiait aveuglément en Macrien, son préfet du prétoire[1]. Cet indigne ministre rendit son maître l’effroi des sujets opprimés, et le mépris des ennemis de Rome[2]. Conduite par les conseils faibles ou perfides de Macrien, l’armée impériale se trouva dans une situation où la valeur et la science militaire devenaient également inutiles[3]. En vain les Romains firent-ils les plus grands efforts pour s’ouvrir un chemin à travers l’armée persane ; ils furent repoussés avec une perte considérable[4]. Sapor, dont les troupes supérieures en nombre tenaient assiégé le camp de l’ennemi, attendit patiemment que les horreurs de la peste et de la famine eussent assuré sa victoire. Bientôt les légions murmurèrent hautement contre Valérien, et lui imputèrent les maux qu’elles éprouvaient ; leurs clameurs séditieuses demandaient une prompte capitulation. On offrit aux Perses des sommes immenses pour acheter la permission de faire une retraite honteuse ; mais Sapor, sûr de vaincre, refusa l’argent avec dédain ; il retint

  1. Hist. Aug., p. 191. Comme Macrien était ennemi des chrétiens, ils l’accusèrent de magie.
  2. Zosime, l. I, p. 33.
  3. Hist. Aug., p. 174.
  4. Victor, in Cæsarib. ; Eutrope, IX, 7.