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élevés et plus terribles sur le champ de bataille[1]. Les Germains, si jaloux de la gloire militaire, reconnaissaient tous la supériorité des Suèves ; ils ne croyaient pas que ce fût une honte de fuir devant une nation à laquelle les dieux immortels eux-mêmes n’auraient pas résisté ; c’est ainsi que s’exprimèrent les tribus des Tenctères et des Usipètes, qui marchèrent avec une grande armée au-devant du dictateur César[2].

Différentes tribus de Suèves prennent le nom d’Allemands.

Sous le règne de Caracalla, un nombreux essaim de Suèves parut sur les rives du Mein et dans le voisinage des provinces romaines, attirés par l’espoir de trouver des vivres, du butin ou de la gloire[3]. Cette armée de volontaires levés à la hâte, forma par degrés une grande nation ; et comme elle était composée d’une foule de tribus différentes, elle prit le nom d’Allemands (ou All-men, tous hommes)[4], pour désigner à la fois leurs diffé-

  1. Sic Suevi à cæteris Germanis, sic Suevorum ingenui à servis separantur. Quelle orgueilleuse distinction !
  2. César, De bell. gall., IV, 7.
  3. Victor, in Caracalla ; Dion-Cassius, l. LXVII, p. 1350.
  4. La nation des Allemands n’a point été formée originairement par les Suèves proprement dits ; ceux-ci ont toujours conservé leur nom particulier : ils firent peu après, l’an de Jésus-Christ 357, une irruption dans la Rhétie, et ce ne fut que long-temps après qu’ils furent réunis aux Allemands, encore en ont-ils toujours été distingués dans les archives : aujourd’hui même les peuples qui habitent le nord-ouest de la Forêt-Noire s’appellent Schwaben, Souabiens, Suèves, tandis que ceux qui habitent près du Rhin,