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guerre, la déesse de la génération et le dieu du tonnerre. Dans la fête générale que l’on célébrait chaque neuvième année, deux animaux de toute espèce, sans en excepter l’espèce humaine, étaient immolés avec la plus grande cérémonie, et leurs corps ensanglantés suspendus dans le bois sacré qui tenait au temple[1]. Les seules traces qui subsistent maintenant de ce culte barbare sont contenues dans l’Edda, système de mythologie compilé en Islande vers le treizième siècle, et que les savans de Suède et de Danemarck ont étudié comme le reste le plus précieux de leurs anciennes traditions.

Institutions d’Odin ; sa mort.

Malgré l’obscurité mystérieuse de l’Edda, il est facile de distinguer deux personnages confondus sous le nom d’Odin, le dieu de la guerre et le grand législateur de la Scandinavie. Celui-ci est le Mahomet du Nord ; ce fut lui qui institua une religion adaptée au climat et au peuple. De nombreuses tribus, sur les deux rives de la Baltique, furent subjuguées par la valeur invincible d’Odin, par son éloquence persuasive et par sa réputation d’habile magicien. Pendant le cours d’une vie longue et heureuse, il ne s’était occupé qu’à propager sa religion :

  1. Voyez Adam de Brème, dans les Prolégomènes de Grotius, p. 104. Le temple d’Upsal fut détruit par Ingo, roi de Suède, qui monta sur le trône en 1075 ; et environ quatre-vingts ans après, on éleva sur ses ruines une cathédrale chrétienne. Voyez l’histoire de Suède, par Dalin, dans la Bibliot. raisonnée.