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Mahomet avait ordonné sa mort, et le vieux général admira la bonté du sultan, qui se contenta de le dépouiller de ses biens et de l’exiler. Ce secours ranima l’espoir des Grecs, et accusa l’indifférence des peuples de l’Occident qui se trouvaient alliés de l’empire. Des millions de croisés étaient venus chercher une mort inévitable dans les déserts de l’Anatolie et dans les rochers de la Palestine ; mais Constantinople était par sa situation bien fortifiée contre ses ennemis et accessible à ses alliés : un armement peu considérable des puissances maritimes aurait sauvé les restes du nom romain et maintenu une forteresse chrétienne au centre de l’empire ottoman. Cependant les tentatives faites pour la délivrance de Constantinople se bornèrent aux cinq vaisseaux dont je viens de parler ; les nations éloignées se montrèrent insensibles aux progrès des Turcs, et l’ambassadeur de Hongrie, ou du moins celui de Huniades, résidait au camp des Turcs, afin de dissiper les craintes et de diriger les opérations du sultan[1].

Mahomet fait transporter ses navires par terre.

Il était difficile aux Grecs de pénétrer le secret du Divan ; toutefois leurs auteurs sont persuadés qu’une résistance si opiniâtre et si surprenante avait fatigué la persévérance de Mahomet. On dit qu’il médita une retraite et qu’il aurait bientôt levé le siége si l’ambition

  1. Ducas, qui s’avoue mal informé sur les affaires de Hongrie, donne à ce fait un motif de superstition. Les Hongrois, dit-il, croyaient que Constantinople serait le terme de la conquête des Turcs. Voyez Phranza (l. III, c. 20) et Spondanus.