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communion avec les associés présens et à venir de l’Église latine ; et la plus grande partie du clergé et du peuple approuva et imita leur exemple. En sortant du monastère de Gennadius, les Grecs dévots se dispersèrent dans les tavernes, burent à la confusion des esclaves du pape, vidèrent leurs verres en l’honneur de l’image de la sainte Vierge, et la supplièrent de défendre contre Mahomet cette ville qu’elle avait autrefois défendue contre Chosroès et le chagan ; enivrés de fanatisme et de vin, ils s’écrièrent bravement : « Qu’avons-nous besoin de secours ou d’union ? Qu’avons-nous besoin de Latins ? Loin de nous le culte des azymites ! » Cette frénésie épidémique troubla la nation durant l’hiver qui précéda la victoire des Turcs ; le carême et l’approche de Pâques, au lieu d’inspirer la charité, ne servirent qu’à renforcer l’obstination et l’influence des fanatiques. Les confesseurs scrutèrent et alarmèrent les consciences ; ils imposèrent des pénitences rigoureuses à ceux qui avaient reçu la communion des mains d’un prêtre accusé d’avoir donné un aveu formel ou tacite à l’union. Le service de celui-ci à l’autel communiquait la souillure aux simples spectateurs de la cérémonie ; les prêtres qui y assistaient, sans y prendre part, perdaient la vertu de leur caractère sacerdotal, et, même dans le danger d’une mort subite, il n’était pas permis d’invoquer le secours de leurs prières ou leur absolution. Dès que le sacrifice des Latins eut souillé l’église de Sainte-Sophie, le clergé et le peuple s’en éloignèrent comme d’une synago-