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tion ne pouvait compter que sur quatre mille neuf cent soixante-dix Romains. Constantin et son fidèle ministre gardèrent ce triste secret, et on tira de l’arsenal la quantité de boucliers, d’arbalètes et de mousquets dont on avait besoin. Ils furent soutenus d’un corps de deux mille étrangers sous les ordres de Jean Justiniani, noble Génois ; ces auxiliaires furent d’avance libéralement payés, et on promit à leur chef que la souveraineté de l’île de Lesbos serait le prix de sa valeur et de ses succès. Une grosse chaîne fut tendue à l’entrée du port, que défendaient d’ailleurs quelques navires de guerre et des navires marchands, tant grecs qu’italiens ; et l’on retint pour le service public tous les vaisseaux des nations chrétiennes qui arrivèrent successivement de Candie et de la mer Noire. Une capitale de treize et peut-être de seize milles de circonférence, n’avait contre toutes les forces de l’empire ottoman qu’une garnison de sept ou huit mille soldats. L’Europe et l’Asie étaient ouvertes aux assiégeans, et la force et les vivres des Grecs devaient diminuer chaque jour, sans qu’ils pussent espérer aucun secours du dehors.

Fausse union des deux Églises. A. D. 1452, déc. 12.

Les premiers Romains se seraient armés avec la résolution de vaincre ou de mourir. Les premiers chrétiens se seraient embrassés, et auraient attendu avec patience et charité la couronne du martyre. Mais les Grecs de Constantinople ne mettaient de chaleur qu’aux affaires de religion, et cette chaleur ne produisait qu’animosité et discorde. L’empereur Jean Paléologue avait renoncé, avant de mourir, au