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« Dernier héritier, dit l’affligé Phranza, de la dernière étincelle de l’Empire romain[1]. »

Préparatifs du siége de Constantinople. A. D. 1452, sept. A. D. 1453, avril.

Les Grecs et les Turcs passèrent l’hiver dans le trouble et l’anxiété ; les premiers étaient agités par leurs craintes, les seconds par leurs espérances, les uns et les autres par les préparatifs de défense et d’attaque ; et les deux empereurs, qui de tous étaient ceux qui avaient le plus à perdre ou à gagner, ressentaient plus vivement que les autres les mouvemens qui occupaient les deux nations. L’ardeur de la jeunesse et la violence du caractère excitaient la vivacité des émotions de Mahomet ; il amusait ses loisirs de la construction du palais de Jehan Numa (la guérite du monde) qu’il fit élever à Andrinople[2], et auquel il donna une hauteur prodigieuse ; mais ses pensées étaient irrévocablement fixées sur le projet de conquérir la ville des Césars. Il se leva vers la seconde veille de la nuit, et manda son premier visir. Le message et l’heure, le caractère du prince et sa propre situation, tout alarmait sa conscience coupable de Calil Basha ; il avait eu la confiance d’Amurath, et avait conseillé de le rappeler au trône.

  1. Auctum est Paleologorum genus, et imperii successor, parvæque Romanorum scintillæ hæres natus, Andræas, etc. (Phranza, l. III, c. 7). Cette expression énergique a été inspirée par sa douleur.
  2. Cantemir, p. 97, 98. Le sultan doutait de sa conquête, on ignorait les avantages de Constantinople. Une ville et un royaume peuvent quelquefois être ruinés par la destinée de son souverain.