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vent assurer la paix, dit-il au sultan, poursuivez vos attaques impies, ma confiance est en Dieu seul ; s’il lui plaît d’adoucir votre cœur, je me réjouirai de cet heureux changement ; s’il vous livre Constantinople, je me soumettrai sans murmure à sa sainte volonté. Mais tant que le juge des princes de la terre n’aura pas prononcé entre nous, je dois vivre et mourir en défendant mon peuple. » La réponse de Mahomet annonça qu’il était décidé à la guerre ; ses fortifications étaient achevées, et avant de retourner à Andrinople, il y établit un aga vigilant et quatre cents janissaires pour lever un tribut sur tous les navires, sans distinction de pays, qui passeraient à la portée de ses batteries. [Sept. Ier.]Un navire vénitien, qui refusait d’obéir aux nouveaux maîtres du Bosphore, fut coulé bas d’un seul coup de canon. Le capitaine et trente matelots se sauvèrent dans la chaloupe ; mais ils furent conduits à la Porte chargés de fers : on empala le chef, on coupa la tête aux autres, et l’historien Ducas vit à Démotica[1] leurs corps exposés aux bêtes féroces. Le siége de Constantinople fut renvoyé au printemps suivant ; mais une armée ottomane marcha dans la Morée pour occuper les forces des frères de Constantin. [A. D. 1453, janv. 17.]À cette époque de calamités, l’un de ces princes, le despote Thomas, eut le bonheur ou le malheur de se voir naître un fils.

  1. Ducas (c. 35), Phranza (l. III, c. 3), qui avait navigué sur le vaisseau de ce capitaine vénitien, le regarde comme un martyr.