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dats et le peuple, se prosternèrent aux pieds du nouveau sultan : ils affectèrent l’attendrissement et la joie. Il avait alors vingt-un ans : il écarta toute cause de sédition par la mort nécessaire de ses frères encore enfans[1]. Les ambassadeurs de l’Asie et de l’Europe vinrent bientôt le féliciter et solliciter son amitié ; il prit avec eux le langage de la modération et de la paix. Il ranima la confiance de l’empereur grec par les sermens solennels et les flatteuses assurances dont il accompagna la ratification du traité fait avec l’empire ; enfin il assigna un riche domaine des bords du Strymon pour le payement de la pension annuelle de trois cent mille aspres due à la cour de Byzance, qui, à sa prière, gardait un prince ottoman. Mais ses voisins durent trembler lorsqu’ils virent la sévérité avec laquelle ce jeune monarque réformait le faste de la maison de son père. Les sommes consacrées au luxe furent employées à des objets d’ambition ; il renvoya ou il enrôla parmi ses troupes un corps inutile de sept mille fauconniers. Durant l’été de la première année de son règne, il parcourut à la tête d’une armée les provinces d’Asie ; mais après avoir humilié l’orgueil des Caramaniens,

  1. On sauva Calapin, un de ces jeunes princes, des mains de son barbare frère, et il reçut à Rome le baptême et le nom de Callistus Othomanus. L’empereur Frédéric III lui accorda un domaine en Autriche, où il termina sa carrière ; et Cuspinien, qui dans sa jeunesse avait conversé à Vienne avec ce prince, alors avancé en âge, donne des éloges à sa piété et à sa sagesse, (De Cæsaribus, p. 672, 673.)