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Constantin, dernier des empereurs romains ou grecs. A. D. 1458, nov. l. A. D. 1453, mai 29.

Après avoir parcouru la longue carrière de la décadence et de la chute de l’Empire romain, je suis enfin parvenu au règne du dernier de ces empereurs de Constantinople, qui soutinrent si faiblement le nom et la majesté des Césars. Après la mort de Jean Paléologue, qui survécut environ quatre ans à la croisade de Hongrie[1], la famille royale se trouva réduite, par la mort d’Andronic et la profession monastique d’Isidore, aux trois fils de l’empereur Manuel, Constantin, Démétrius et Thomas. Le premier et le dernier étaient au fond de la Morée ; mais Démétrius, qui possédait le domaine de Sélymbrie, se trouvait dans les faubourgs à la tête d’un parti. Le malheur de son pays ne refroidissait pas son ambition, et la paix de l’empire avait été déjà troublée par sa conspiration avec les Turcs et les schismatiques. On enterra l’empereur défunt avec une précipitation extraordinaire et même suspecte. Démétrius se servit, pour justifier ses prétentions au trône, d’un sophisme faible et usé. Il observa qu’il était l’aîné des fils nés dans la pourpre et sous le règne de son père ; mais l’impératrice mère, le sénat et les soldats, le clergé et le peuple, se déclarèrent unanimement pour le successeur légitime ; et le despote Thomas qui, sans avoir été prévenu de l’événement, était revenu par

  1. La Chronique de Phranza est claire et authentique, mais au lieu de quatre ans et sept mois, Spondanus (A. D. 1445, no 7) donne sept ou huit ans au règne du dernier Constantin ; il se fonde sur une lettre supposée d’Eugène IV au roi d’Éthiopie.