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[Et sa mort. A. D. 1467, 17 janv.]Sa sépulture fut bientôt violée par les Turcs devenus maîtres de ce pays ; mais la pratique superstitieuse des janissaires, qui portaient ses os enchâssés dans un brasselet, annonce involontairement leur vénération pour sa valeur. La ruine de sa patrie, qui suivit immédiatement sa mort, est encore un monument de sa gloire ; mais s’il eût judicieusement balancé les suites de la soumission et de la résistance, un patriote généreux aurait peut-être renoncé à une lutte inégale dont tout le succès dépendait de la vie et du génie d’un seul homme. Scanderbeg fut probablement soutenu par l’espérance raisonnable, bien qu’illusoire, que le pape, le roi de Naples et la république de Venise, se réuniraient pour défendre un peuple libre et chrétien qui gardait les côtes de la mer Adriatique et le passage étroit qui sépare la Grèce de l’Italie. Son fils encore enfant fut sauvé du désastre ; les Castriot[1] furent investis d’un duché dans le royaume de Naples, et leur sang s’est perpétué jusqu’à nos jours dans les plus illustres familles du royaume. Une colonie d’Albanais fugitifs obtint un établissement dans la Calabre, où ils conservent encore le langage et les mœurs de leurs ancêtres[2].

    de Phranza, réfugié dans l’île de Corfou, voisine du lieu où il s’était retiré, démontrent sa détresse, que Marinus essaie gauchement de dissimuler (l. X).

  1. Voyez la famille des Castriot dans Ducange, Fam. dalmat., etc. XVIII, p. 348-350).
  2. M. Swinburne (Voyage dans les Deux-Siciles, vol. I, p. 350-354) cite cette colonie d’Albanais.