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mort de celui qui l’avait opérée, et l’on peut regarder comme la plus brillante de ses épitaphes le regret du sultan Mahomet, de ne pouvoir plus espérer de se venger du seul adversaire par lequel il eût jamais été vaincu. À la première vacance du trône, les Hongrois reconnaissans nommèrent et couronnèrent son fils Mathias Corvin, alors âgé de dix-huit ans. Son règne fut long et prospère ; Mathias aspira à la gloire de saint et à celle de conquérant ; mais son mérite le plus certain est d’avoir encouragé les sciences, et la mémoire d’Huniades a dû son éclat à l’éloquence des orateurs et des historiens latins que son fils attira de l’Italie[1].

Naissance et éducation de Scanderbeg, prince de l’Albanie. A. D. 1404-1413.

Dans la liste des héros, on associe assez généralement Jean Huniades et Scanderbeg[2], et ils ont

  1. Voyez Bonfinius (Déc. III, l. VIII ; Déc. IV, l. VIII). Les observations de Spondanus sur le caractère et la vie de Mathias Corvin sont curieuses et d’une saine critique (A. D. 1464, no 1 ; 1475, no 6 ; 1476, nos 14-16 ; 1490, nos 4, 5). L’admiration de l’Italie était l’objet de son ambition. Pierre Ranzanus, Sicilien, a célébré ses exploits dans l’Epitome rerum hungaricarum (p. 322-412). Galestus Martius de Narni a recueilli tous ses bons mots et ses sentences (p. 528-568) ; et nous avons une relation particulière de son mariage et de son couronnement. Ces trois ouvrages sont réunis dans le premier volume des Scriptores rerum hungaricarum de Bell.
  2. Sir William Temple, dans son agréable Essai sur les vertus héroïques (vol. III, p. 385 de ses Œuvres), les place au nombre de sept chefs qui méritèrent la couronne sans la porter, Bélisaire, Narsès, Gonzalve de Cordoue, Guil-