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rent jamais pénétrer dans le royaume dont Huniades était le gardien, et au moment où ils se flattaient de le voir perdu sans ressource ainsi que son pays, ce fut alors qu’il se montra le plus redoutable. Au lieu de se borner à une guerre défensive, quatre ans après la défaite de Warna, Huniades pénétra une seconde fois dans le cœur de la Bulgarie, et soutint jusqu’au troisième jour, dans la plaine de Cossovie, les efforts d’une armée ottomane quatre fois plus nombreuse que celle qu’il commandait. Le héros abandonné fuyait seul à travers les forêts de la Valachie, lorsqu’il fut arrêté par deux voleurs ; mais tandis qu’ils se disputaient une chaîne d’or qui pendait à son cou, il reprit son épée, tua un des brigands, et mit l’autre en fuite. Après avoir couru de nouveaux dangers pour sa liberté et pour sa vie, Huniades consola par sa présence un peuple affligé. [Sa défense de Belgrade et sa mort. A. D. 1456, 22 juillet, 4 sept.]La défense de Belgrade contre toutes les forces ottomanes commandées par Mahomet II, fut le dernier et le plus glorieux exploit de sa vie. Après un siége de quarante jours, les Turcs, parvenus jusque dans la ville, furent forcés de se retirer. Les nations pleines de joie célébrèrent Huniades et Belgrade comme les boulevards de la chrétienté[1] ; mais cette grande délivrance fut suivie, environ un mois après, de la

  1. Voy. Bonfinius (Décad. III, l. VIII, p. 492) et Spondanus (A. D. 1466, nos 1-7). Huniades partagea la gloire de la défense de Belgrade avec Capistran, moine de l’ordre de saint François ; et dans leurs récits respectifs ni le saint ni le héros ne daignent parler du mérite de leur rival.