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noble famille romaine. Ses études avaient embrassé l’érudition des Grecs et celle des Latins, la jurisprudence et la théologie, et la flexibilité de son génie lui avait assuré des succès dans les écoles, à la cour et dans les camps. À peine était-il revêtu de la pourpre romaine, qu’on le chargea d’aller en Allemagne solliciter l’empire d’armer contre les rebelles et les hérétiques de la Bohême. L’esprit de persécution est indigne d’un chrétien, et la profession des armes ne convient point à un prêtre ; mais les mœurs du temps excusaient l’une, et Julien ennoblit l’autre par l’intrépidité qui le fit demeurer seul et inébranlable au milieu de la honteuse déroute des Allemands. En qualité de légat du pape, il ouvrit le concile de Bâle ; mais, président de ce concile, il se montra bientôt le plus zélé champion de la liberté ecclésiastique, et prolongea l’opposition, durant sept années, par son zèle et son intelligence. Après avoir fait prendre les mesures les plus vigoureuses contre l’autorité et la personne d’Eugène, quelque motif d’intérêt ou de conscience lui fit quitter brusquement le parti populaire. Le cardinal se retira de Bâle à Ferrare ; et dans les débats des Grecs et des Latins, les deux nations admirèrent la sagacité de ses argumens, et la profondeur de son érudition théologique[1]. Nous

    tinuateur de Fleury ont rapporté par occasion ses services à Bâle et à Ferrare, et sa fin malheureuse.

  1. Syropulus fait un éloge généreux des talens d’un ennemi (p. 117) : τοιαντα τινα ειϖεν ο Ρο‌υλιανος, πεϖλατυσμς ως αγαν και λογικως, και μετ εϖισ‌τημης και δεινοτητος Ρητορικης.