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Dégâts qu’a éprouvés le Colisée.

Le Colisée servit rarement à cet usage ; la fête que nous venons d’indiquer a peut-être été la seule. Les citoyens avaient chaque jour besoin de matériaux, et ils allaient sans crainte et sans remords démolir ce beau monument. Un accord scandaleux du quatorzième siècle assura aux deux factions le droit de tirer des pierres de la carrière commune du Colisée[1], et le Pogge déplore la perte de la plupart de ces pierres réduites en chaux par les insensés Romains[2]. Pour réprimer cet abus, et prévenir les crimes qui pouvaient se commettre la nuit dans cette vaste et funèbre enceinte, Eugène IV l’environna d’un mur, et par une chartre qui a long-temps existé, donna le terrain et l’édifice à des moines d’un couvent voisin[3]. Après sa mort, le mur fut renversé dans une émeute : le peuple déclara alors que le Colisée ne devait jamais devenir une propriété particulière ; et si les Romains eussent respecté d’ailleurs ce noble

    vingt-neuvième) sur les jeux des Italiens durant le moyen âge.

  1. M. l’abbé Barthélemi a parlé dans un Mémoire concis, mais instructif (Mém. de l’Acad. des inscript., t. XXVIII, p. 585), de cet accord des factions, de Tiburtino faciendo, dans le Colisée, d’après un acte original qui est aux archives de Rome.
  2. Coliseum… ob stultitiam Romanorum majori ex parte ad calcem deletum (le Pogge, p. 17).
  3. Eugène IV le donna aux moines Olivetains ; Montfaucon assure ce fait d’après les Mémoires de Flaminius Vacca (no 72) ; ils espéraient toujours trouver une occasion favorable de faire valoir ce droit.