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long-temps une foire ou un marché dans l’arène de cet amphithéâtre ; une ancienne description de la cité parle des ouvriers établis au Colisée, et ils firent ou ils agrandirent ces trous pour y placer les morceaux de bois qui soutenaient leurs échoppes et leurs tentes[1]. Le Colisée, réduit à sa majestueuse simplicité, excita le respect et l’admiration des pèlerins du Nord, et leur grossier enthousiasme se manifesta par ces mots sublimes devenus proverbe, et que le vénérable Bède a recueillis au huitième siècle, dans ses écrits : « Rome subsistera tant que le Colisée sera debout. Quand le Colisée tombera, Rome tombera ; et quand Rome tombera, le monde tombera avec elle[2]. » Dans les principes modernes de l’art militaire, le Colisée, dominé par trois collines, n’eût pas été choisi pour servir de forteresse ; mais la force de ses murs et de ses voûtes pouvait résister aux machines de siége ; il pouvait contenir dans son enceinte une nombreuse garnison ; et tandis qu’une faction

    dissertation réimprimée depuis dans le Trésor de Sallengre. Montfaucon (Diarium, p. 233) décide que l’avidité des Barbares est una germanaque causa foraminum.

  1. Donat, Roma vetus et nova, p. 285.
  2. Quamdiu stabit Coliseus, stabit et Roma ; quando cadet Colyseus, cadet Roma ; quando cadet Roma, cadet et mundus (Beda, in Excerptis, seu collectaneis apud Ducange, Glossar. med. et infimæ latinitatis, t. II, p. 407, édit. Bâle). Il faut attribuer ces paroles aux pèlerins anglo-saxons qui allèrent à Rome avant l’année 735, époque de la mort de Bède ; car je ne crois pas que ce vénérable moine soit jamais sorti de l’Angleterre.