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tue colossale de Néron, et qui peut-être aurait subsisté à jamais s’il n’avait eu d’autre ennemi que le temps et la nature. Les antiquaires qui ont calculé le nombre des spectateurs sont disposés à croire qu’il y avait au-dessus du dernier gradin de pierre des galeries de bois à plusieurs étages, qui furent à diverses reprises consumées par le feu et reconstruites par les empereurs. Tout ce qu’il y avait de précieux, de portatif ou de profane, les statues des dieux et des héros, les riches sculptures de bronze ou revêtues de feuilles d’or et d’argent, fut d’abord la proie de la conquête ou du fanatisme, de l’avarice des Barbares ou de celle des chrétiens. On voit plusieurs trous dans les énormes pierres qui composent les murs du Colisée ; et voici les deux conjectures les plus vraisemblables qu’on ait formées sur cet objet. Des crampons d’airain ou de fer liaient l’assise inférieure à l’assise supérieure, et l’œil de la rapine ne dédaigna pas les métaux les moins précieux[1]. On a tenu

    de la Verona illustrata, des amphithéâtres, et en particulier de ceux de Rome et de Vérone, de leurs dimensions, de leurs galeries de bois, etc. Il paraît que c’est d’après son étendue que celui de Titus porte le nom de Colosseum ou Coliseum, puisqu’on donna la même dénomination à l’amphithéâtre de Capoue, qui n’avait point de statue colossale, et puisque celle de Néron avait été placée dans la cour (in atrio) de son palais, et non pas dans le Colisée (part. IV, l. I, c. 4, p. 15-19.)

  1. Joseph-Marie Suarès, savant évêque à qui l’on doit une Histoire de Préneste, a publié une dissertation particulière sur les sept ou huit causes probables de ces trous,