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de l’amphithéâtre et du cirque, ne subsistaient plus depuis le sixième siècle ; quelques temples furent appropriés à l’usage du culte régnant ; mais en général les églises chrétiennes préférèrent la forme de la croix, et la mode ou des calculs raisonnables avaient établi un modèle particulier pour les cellules et les bâtimens des cloîtres. Le nombre de ces pieux établissemens se multiplia outre mesure sous le règne ecclésiastique ; la ville contenait quarante monastères d’hommes, vingt de femmes, et soixante chapitres et colléges de chanoines et de prêtres[1], qui augmentaient, au lieu de la réparer, la dépopulation du dixième siècle ; mais si les formes de l’ancienne architecture furent dédaignées d’un peuple insensible à leur usage et à leur beauté, ses abondans matériaux furent employés à tous les objets auxquels les pouvaient appliquer ses besoins ou sa superstition : les plus belles colonnes de l’ordre ionique et de l’ordre corinthien, les marbres de Paros et de Numidie les plus précieux, furent réduits peut-être à servir de soutien à un couvent ou à une écurie. Les dégâts que les Turcs se permettent chaque jour dans les villes de la Grèce et de l’Asie, peuvent servir d’exemple ; et dans la destruction graduelle des monumens

    p. 108) ; et Muratori indique des bains publics qu’on construisit encore à Spolette en Italie, en 814. (Annali, t. VI, p. 416.)

  1. Voyez les Annales de l’Italie, A. D. 988. Muratori lui-même avait trouvé ce fait et le précédent dans l’Histoire de l’ordre de Saint Benoît, publiée par le P. Mabillon.