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truction : la volonté ou seulement la négligence des hommes peut produire, peut étendre ce rapide fléau, et toutes les époques des annales romaines sont marquées par des calamités de ce genre. Le mémorable incendie, crime ou malheur du règne de Néron, continua avec plus ou moins de fureur durant six ou neuf jours[1]. Les flammes dévorèrent une quantité innombrable d’édifices accumulés dans des rues étroites et tortueuses ; et lorsqu’elles cessèrent, des quatorze quartiers de Rome, quatre seulement étaient dans leur entier, trois se trouvaient détruits complètement, et sept étaient défigurés par les restes fumans des édifices en ruines[2]. L’empire étant au plus haut point de sa gloire, la métropole

  1. Le savant critique M. des Vignoles (Hist. crit. de la rép. des lettres, t. VIII, p. 74-118 ; IX, p. 172-187) place cet incendie A. D. 64, juillet 19, et la persécution des chrétiens, qui en fut la suite, au 15 novembre de la même année.
  2. Quippe in regiones quatuordecim Roma dividitur, quarum quatuor integræ manebant, tres solo tenus dejectæ : septem reliquis pauca tectorum vestigia supererant, lacera et semiusta. Parmi les anciens édifices qui furent consumés, Tacite compte le temple de la Lune élevé par Servius Tullius, la chapelle et l’autel consacrés par Évandre præsenti Herculi, le temple de Jupiter Stator, construit pour accomplir le vœu de Romulus ; le palais de Numa, le temple de Vesta cum penatibus populi romani. Il regrette ensuite les opes tot victoriis quæsitæ et Græcarum artium decora…, multa quæ seniores meminerant, quæ reparari nequibant (Annal. XV, 40, 41).