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étaient debout, mais les obélisques égyptiens étaient brisés ou ensevelis sous la terre. Ce peuple de dieux et de héros créés par le ciseau des statuaires avait disparu ; il ne restait qu’une statue équestre de bronze, et cinq figures en marbre, dont les plus remarquables étaient deux chevaux de Phidias et de Praxitèle. 7o. Les mausolées ou sépulcres d’Auguste et d’Adrien, ne pouvaient être entièrement disparus, mais le premier n’offrait plus qu’un monceau de terre ; celui d’Adrien, appelé château Saint-Ange, avait pris le nom et l’extérieur d’une citadelle moderne. Si l’on y ajoute quelques colonnes éparses et dont on ne connaissait plus la destination, telles étaient les ruines de l’ancienne ville, car les murs, formant une circonférence de dix milles, fortifiés de trois cent soixante-dix-neuf tours et s’ouvrant par treize portes, laissaient voir les marques d’une construction plus récente.

Dépérissement graduel des ouvrages de Rome.

C’est plus de neuf siècles après la chute de l’empire d’Occident, et même du royaume des Goths en Italie, que le Pogge faisait cette triste description. Durant la longue période d’anarchie et de malheurs ou l’empire, les arts et les richesses abandonnèrent les bords du Tibre, la ville ne put ajouter à ses embellissemens ou rétablir les anciens ; et comme toutes les choses humaines doivent rétrograder si elles n’avancent pas, le progrès de chaque siècle hâtait la ruine des ouvrages de l’antiquité. Mesurer le progrès du dépérissement et indiquer à chaque époque l’état de chaque édifice, serait un travail inutile et infini,