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CHAPITRE LXXI.

Tableau des ruines de Rome au quinzième siècle. Quatre causes de décadence et de destruction. Le Colisée cité pour exemple. La ville nouvelle. Conclusion de l’ouvrage.

Coup d’œil et discours du Pogge, assis sur la colline du Capitole. A. D. 1430.

Vers la fin du règne d’Eugène IV, le savant Pogge[1] et un de ses amis, serviteurs du pape l’un et l’autre, montèrent sur la colline du Capitole ; ils se reposèrent parmi les débris des colonnes et des temples, et de cette hauteur, ils contemplèrent l’immense tableau de destruction qui s’offrait à leurs yeux[2]. Le lieu de la scène et ce spectacle leur ouvraient un vaste champ de moralités sur les vicissitudes de la fortune, qui n’épargne ni l’homme, ni ses ouvrages les plus orgueilleux, qui précipite dans le même tombeau les empires et les cités ; et ils se réunirent dans cette opinion que, comparativement à sa grandeur passée, Rome était de toutes les villes du monde celle dont la chute offrait l’aspect le plus imposant et le plus déplorable. « L’imagination de

  1. J’ai déjà indiqué (t. XII, ch. LXV, p. 365, note 2) l’âge, le caractère et les écrits du Pogge ; et j’ai marqué particulièrement la date de ce discours élégant et moral sur les vicissitudes de la fortune.
  2. Consedimus in ipsis Tarpeiæ arcis ruinis, pone ingens portæ cujusdam, ut puto, templi, marmoreum limen plurimasque passim confractas columnas, unde magnâ ex parte, prospectus urbis patet (p. 5).