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du pape, assiégèrent le pontife dans son palais, et lorsqu’il prit la fuite en habit de moine, et que sa barque descendit le Tibre, ils l’assaillirent d’une multitude de traits. Toutefois il avait encore au château Saint-Ange une garnison fidèle et de l’artillerie ; ses batteries foudroyaient la ville sans relâche, et un boulet adroitement pointé renversa la barricade du pont, et dispersa d’un seul coup les héros de la république. Une rebellion de cinq mois avait épuisé leur constance. Sous la tyrannie des nobles gibelins, les plus sages d’entre les patriotes regrettèrent la domination du pape, et leur repentir bientôt unanime fut suivi de la soumission. Les troupes de saint Pierre occupèrent de nouveau le Capitole ; les magistrats retournèrent chacun dans leur maison ; les plus coupables furent punis de la mort ou de l’exil, et le légat arrivant à la tête de deux mille fantassins et de quatre mille chevaux, fut salué comme le père de la ville. Les conciles de Ferrare et de Florence, la frayeur ou le ressentiment prolongèrent l’absence d’Eugène. Il fut reçu par un peuple soumis ; mais par les acclamations mêmes qui accompagnèrent son entrée, il comprit que pour entretenir la fidélité des Romains et assurer son repos, il devait abolir sans délai l’odieux impôt qui avait été une des causes de la révolte. 2o. Rome se rétablit, s’embellit et s’éclaira sous le paisible règne de Nicolas V. Tandis que le pape s’occupait des ornemens de sa capitale et du bonheur de son peuple, il fut alarmé par l’approche de l’empereur Frédéric III ; au reste, ni le caractère ni la