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nu et à demi mort, au milieu de la multitude. La rage s’était calmée et avait fait place à la curiosité et à l’étonnement ; un dernier mouvement de respect et de compassion agissait en sa faveur, et allait peut-être l’emporter sur la haine lorsqu’un assassin plus hardi que les autres lui plongea un poignard dans le cœur. [Sa mort. A. D. 1354, 8 sept.]Rienzi expira au même instant ; son corps, percé de mille coups par la rage de ses ennemis, fut abandonné aux chiens et aux Juifs, et ensuite livré aux flammes. La postérité balancera les vices et les vertus de cet homme extraordinaire ; mais dans une longue période d’anarchie et de servitude, Rienzi a été souvent célébré comme le libérateur de son pays, et le dernier des patriotes romains[1].

Pétrarque appelle l’empereur Charles IV. Ses reproches à ce prince. A. D. 1355, janvier-mai.

Le premier et le plus noble des désirs de Pétrarque était le rétablissement d’une république libre ; mais après l’exil et après la mort de son héros plébéien, du tribun de Rome, il tourna ses regards vers prince le roi des Romains. Le Capitole était encore souillé du sang de Rienzi, lorsque Charles IV descendit les Alpes pour se faire couronner empereur et roi d’Italie. Il reçut à Milan la visite du poète, dont il paya les flatteries par des illusions ; il accepta une médaille d’Auguste, et promit sans sourire d’imiter le fondateur de la monarchie romaine. Les espérances

  1. Fortifiocca, qui ne paraît être ni l’ami ni l’ennemi de Rienzi, raconte en grand détail (l. III, c. 12-15) son exil, sa seconde administration et sa mort. Pétrarque, qui aimait le tribun, apprit avec indifférence la mort du sénateur.