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de Naples, avait été condamné, pour ses crimes ou pour ses richesses, à une prison perpétuelle ; et Pétrarque, en sollicitant la liberté du captif, contribua d’une manière indirecte à la perte de son ami. Minorbino se glissa dans Rome avec cent cinquante soldats ; il environna de barricades le quartier des Colonne, et fit sans peine ce qu’on avait jugé impossible. Dès le premier moment d’alarme, la cloche du Capitole ne cessa de tinter ; mais, au lieu d’accourir à ce signal si bien connu, le peuple demeura tranquille et en silence, et le pusillanime tribun, versant des larmes sur cette ingratitude, abdiqua le gouvernement et quitta le palais de l’état.

Révolution de Rome. A. D. 1347-1354.

Le comte Pépin, sans tirer l’épée, rétablit l’Église et l’aristocratie ; on nomma trois sénateurs ; le légat fut le premier, et ses collègues furent choisis dans les familles rivales des Colonne et des Ursins. On abrogea toutes les institutions du tribun, sa tête fut proscrite ; mais son nom paraissait encore si redoutable, que les barons balancèrent encore trois jours avant d’oser entrer dans la ville : Rienzi demeura plus d’un mois dans le château Saint-Ange, d’où il se retira paisiblement, après avoir vainement essayé de ranimer le courage et l’affection des Romains. Leur chimère de liberté et d’empire avait disparu ; dans leur abattement ils étaient prêts à se livrer à la servitude, pourvu qu’elle fût tranquille et bien réglée. Ils remarquèrent à peine que les nouveaux sénateurs tiraient leur autorité du siége apostolique ; que pour former la république, on avait revêtu quatre car-