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opinion. On voulut les accuser de perfidie et de corruption, ils repoussèrent cette imputation, et le contraignirent à prouver, en les chassant de force, que si la populace le soutenait encore, sa cause était déjà abandonnée par les citoyens les plus respectables. Le pape ni les cardinaux ne s’étaient jamais laissé éblouir par ses vaines protestations, ils étaient justement offensés de l’insolence de sa conduite : la cour d’Avignon fit partir pour l’Italie un cardinal légat, et après une négociation inutile et deux entrevues avec Rienzi, il fulmina une bulle d’excommunication qui dépouillait le tribun de son office, et le traitait de rebelle, de sacrilége et d’hérétique[1]. Ce qui restait des barons se trouvait alors abaissé à la nécessité d’obéir : l’intérêt et la vengeance les engagèrent au service de l’Église ; mais, se souvenant de la mort tragique des Colonne, ils abandonnèrent à un aventurier le péril et la gloire de la révolution. Jean Pépin, comte de Minorbino[2], au royaume

  1. Le P. du Cerceau (p. 196-232) a traduit les brefs et les bulles de Clément VI contre Rienzi, d’après les Annales ecclésiastiques d’Odéricus Raynaldus (A. D. 1337, nos 15-17, 21, etc), qui les avait trouvés dans les archives du Vatican.
  2. Matthieu Villani décrit l’origine, le caractère et la mort de ce comte de Minorbino, homme da natura inconstante et sanza fede. Minorbino avait eu pour grand-père un notaire astucieux, qui s’enrichit des dépouilles des Sarrasins de Nocera, et qui acquit ensuite la noblesse (l. VII, c. 102, 103). Voyez son emprisonnement et les efforts de Pétrarque en sa faveur (t. II, p. 149-151).