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poursuite le courage d’un héros ; mais il oublia les maximes des anciens Romains, qui abhorraient les triomphes obtenus dans la guerre civile. Il monta au Capitole, déposa sur l’autel son sceptre et sa couronne, et se vanta, avec quelque fondement, d’avoir coupé une oreille dont le pape ni l’empereur n’avaient pu venir à bout[1]. Sa basse et implacable vengeance refusa aux morts les honneurs de la sépulture, et les corps des Colonne, qu’il menaça d’exposer avec ceux des plus vils malfaiteurs, furent secrètement enterrés par les religieuses de leur famille[2].

    de Colonne, à lui-même et au peuple romain la gloire de ce combat, dont Villani (l. XII, c. 104) fait une bataille régulière. Fortifiocca (l. II, c. 34-37) décrit en détail et avec simplicité le désordre du combat, la fuite des Romains et la lâcheté de Rienzi.

  1. En parlant de la chute de la famille des Colonne, je n’entends ici que celle d’Étienne Colonne. Le P. du Cerceau confond souvent le père et le fils. Après l’extinction de la première souche, cette maison s’est perpétuée dans les branches collatérales, que je ne connais pas d’une manière bien exacte. Circumspice, dit Pétrarque, familiæ tuæ statum, Columniensium domos : solito pauciores habeat Columnas. Quid ad rem ? Modo fundamentum stabile, solidumque permaneat.
  2. Le couvent de Saint-Sylvestre avait été fondé et doté par les cardinaux de la maison Colonne pour celles de leurs parentes qui embrasseraient la vie monastique ; ils continuaient d’en être les protecteurs. En 1318, les religieuses étaient au nombre de douze. Les autres filles de cette maison avaient la permission d’épouser leurs parens au quatrième degré, et la dispense était fondée sur le petit nombre des