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nom du peuple ; ils reçurent la communion en même temps que le tribun ; ils assistèrent à un banquet, suivirent la procession, et lorsqu’on eut épuisé tous les signes de réconciliation tant spirituels que temporels, ils retournèrent chez eux avec les nouveaux titres de généraux, de consuls et de patriciens.

Ils s’arment contre Rienzi.

Le souvenir du danger qu’ils avaient couru plutôt que celui de leur délivrance, les arrêta pendant quelques semaines ; mais à la fin les plus puissans des Ursins sortirent de la ville avec les Colonne, et arborèrent à Marino l’étendard de la rebellion. On répara à la hâte les murs de ce château ; les vassaux se rendirent auprès de leur seigneur ; les hommes mis hors de la protection des lois s’armèrent contre le magistrat ; de Marino jusqu’aux portes de Rome, on enleva le bétail, on dévasta les vignes et les champs de blé, et le peuple accusa Rienzi de ces calamités que son gouvernement lui avait fait oublier. Rienzi paraissait avec plus d’avantage sur la tribune que sur le champ de bataille, il ne s’occupa du soin d’arrêter les rebelles que lorsqu’ils eurent levé beaucoup de soldats et rendu leurs forteresses imprenables. La lecture de Tite-Live ne lui avait donné ni les talens ni la valeur d’un général : vingt mille Romains furent obligés de revenir sans honneur et sans succès de l’attaque de Marino : il amusa sa vengeance à peindre ses ennemis la tête en bas, et à noyer deux chiens (c’aurait au moins dû être deux ours) représentant les Ursins. Les rebelles, convaincus de son incapacité, poussèrent leurs opérations avec plus de vigueur.