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dégrada la dignité de ses fonctions : en se faisant armer chevalier, il se rendit tout à la fois odieux aux nobles parmi lesquels il se rangeait, et aux plébéiens qu’il abandonnait. Cette cérémonie épuisa les sommes qui restaient au trésor, et tout ce que pouvaient fournir le luxe et les arts de son temps. Le cortége partit du Capitole et alla au palais de Latran : on avait préparé des décorations et des jeux dans toute la longueur du chemin ; le clergé. L’ordre civil et l’ordre militaire marchaient sous leurs bannières respectives ; les dames romaines accompagnaient sa femme, et les ambassadeurs des divers états de l’Italie, présens à la cérémonie, durent louer en public et tourner secrètement en ridicule une pompe si bizarre et si nouvelle. Arrivé le soir à l’église et au palais de Constantin, il remercia alors et renvoya son nombreux cortége, qu’il invita à la fête du lendemain. Il reçut l’ordre du Saint-Esprit des mains d’un vieux chevalier : la purification du bain était une cérémonie préalable ; et ce qui scandalisa et révolta les Romains plus qu’aucune autre des actions du tribun, il se servit du vase de porphyre où, d’après une ridi-

    avait vu de pareilles. En 1327 un Colonne et un Ursin furent créés chevaliers par le peuple romain, qui avait coutume de balancer ainsi les deux familles ; ils se baignèrent dans de l’eau de rose ; on orna leurs lits avec une magnificence royale, et ils furent servis à Sancta-Maria d’Araceli, sur le mont Capitolin, par les vingt-huit buoni uomini. Ils reçurent ensuite de Robert, roi de Naples, l’épée de chevalier (Hist. rom., l. I, c. 2, p. 259.)