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à genoux et les mains liées derrière le dos, entendit son arrêt de mort ; et après lui avoir laissé quelques momens pour sa confession, on le mena au gibet. Dès ce moment tous les criminels perdirent l’espoir d’échapper au châtiment, et les scélérats, les fauteurs de désordres, les oisifs, purifièrent bientôt par leur fuite, la ville et le territoire de Rome. Alors, dit Fortifiocca, les forêts se réjouirent de n’être plus infestées de brigands ; les bœufs reprirent les travaux du labourage ; les pèlerins revinrent dans les églises ; les grands chemins et les hôtelleries se remplirent de voyageurs ; le commerce, l’abondance et la bonne foi reparurent dans les marchés, et l’on put laisser une bourse d’or en sûreté sur la route publique. Lorsque les sujets n’ont pas à craindre pour leur vie et leur propriété, l’industrie et les richesses qui en sont la récompense reparaissent bientôt d’elles-mêmes : Rome était toujours la métropole du monde chrétien, et les étrangers qui avaient joui de l’heureuse administration du tribun, publièrent dans tous les pays sa gloire et sa fortune.

Le tribun est respecté en Italie.

Animé par le succès de ses desseins, Rienzi conçut une idée plus vaste encore, mais peut-être chimérique. Il voulait former des divers états de l’Italie, soit principautés, soit villes libres, une république fédérative où Rome tiendrait comme autrefois et à juste titre le premier rang. Il n’était pas moins éloquent dans ses écrits que dans ses discours. Des messagers rapides et fidèles furent chargés de ses nombreuses lettres : à pied, un bâton blanc à la main,