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masque de la folie et le rôle d’un bouffon. Tandis qu’il se livrait à leur mépris, le rétablissement du bon état, son expression favorite, était regardé par le peuple comme un événement désirable, possible, et enfin même comme un événement prochain : tous les plébéiens étaient disposés à applaudir au libérateur qui leur était promis, et quelques-uns eurent le courage de le seconder.

Il s’arroge le gouvernement de Rome. A. D. 1347, mai 20.

Une prophétie ou plutôt une sommation affichée à la porte de l’église de Saint-George, fut le premier aveu public de ses desseins ; et une assemblée de cent citoyens, réunis la nuit sur le mont Aventin, fut le premier pas vers leur exécution. Après avoir exigé des conspirateurs un serment de garder le secret et de le secourir, il leur fit voir l’importance et la facilité de l’entreprise ; leur montra les nobles désunis et sans ressource, forts seulement de la crainte qu’inspirait leur puissance imaginaire ; le pouvoir et le droit réunis dans les mains du peuple ; les revenus de la chambre apostolique suffisant pour alléger la misère publique, et le pape lui-même ayant intérêt d’approuver leur victoire sur les ennemis du gouvernement et de la liberté. Après avoir assuré à sa première déclaration l’appui d’une troupe fidèle, il ordonna, au son des trompettes, que chacun eût à se trouver sans armes, la nuit du lendemain, devant l’église Saint-Ange, afin de pourvoir au rétablissement du bon état. Il employa cette nuit à faire célébrer trente messes du Saint-Esprit ; à la pointe du jour il sortit de l’église, tête nue, mais armé de pied