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grand nombre de nobles et de plébéiens à la lecture solennelle de ce décret, et fit élever un théâtre pour les recevoir. Rienzi arriva couvert d’un habit qui avait de la magnificence et quelque chose de mystérieux ; il expliqua l’inscription, il la traduisit en langue vulgaire ; il la commenta[1], et s’étendit avec éloquence et avec chaleur sur l’antique gloire du sénat et du peuple, d’où dérivait toute espèce de pouvoir légal. L’indolente ignorance des nobles ne leur permit pas d’apercevoir le but sérieux de ces singulières représentations ; ils maltraitèrent quelquefois de paroles, et même de coups le plébéien qui s’érigeait en réformateur ; mais ils lui permirent souvent d’amuser de ses menaces et de ses prédictions les personnes qui se rassemblaient au palais Colonne ; et le moderne Brutus[2] se cachait sous le

    scriptions de Gruter, t. I, p. 242, et à la fin du Tacite d’Ernesti, avec quelques notes savantes de l’éditeur, t. II.

  1. Je ne puis omettre une étonnante et ridicule erreur de Rienzi. La lex Regia autorise Vespasien à étendre le Pomærium, mot familier à tous les antiquaires ; mais non pas au tribun, qui le confondait avec pomarium, verger, et traduisait Io Jardino de Roma cioene Italia ; et ce sens a été adopté par le traducteur latin (p. 406) ainsi que par l’historien français (p. 33), moins excusables dans leur ignorance. Le savoir de Muratori lui-même s’est endormi sur ce passage.
  2. Priori (Bruto) tamen similior, juvenis uterque, longe ingenio quam cujus simulationem induerat, ut sub hoc obtentu liberator ille P. R. aperiretur tempore suo… lile regbus, hic tyrannis contemptas. (Opp., p. 536.)