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maître ou de docteur en poésie[1] ; et le titre de poète lauréat, que la coutume, plutôt que la vanité, perpétue à la cour d’Angleterre[2], a été inventé par les Césars de la Germanie. Dans les combats de musique de l’antiquité, le vainqueur obtenait un prix[3] ; on croyait que Virgile et Horace avaient été couronnés au Capitole : cette idée échauffa Pé-

  1. Voyez Selden, Titles of Honour (t. III de ses Œuvres, pag. 457-466). Un siècle avant Pétrarque, saint François reçut la visite d’un poète qui ab imperatore fuerat coronatus et exinde rex versuum dictus.
  2. Depuis Auguste jusqu’à Louis XIV, la muse des poètes n’a que trop souvent été mensongère et vénale ; mais je doute que dans aucun siècle et dans aucune cour, il y ait jamais eu, ainsi qu’à la cour d’Angleterre, un poète stipendié, qui, sous tous les règnes et dans toutes les occasions, fût obligé de fournir deux fois par an une certaine quantité de vers, et une certaine dose d’éloges qu’on pût chanter dans la chapelle, et, je crois, en présence du souverain. Je parle avec d’autant plus de liberté de cet usage ridicule, que le meilleur temps pour l’abolir est celui où le roi se trouve être un homme vertueux, et le poète un homme de génie.
  3. Isocrate (in Panegyr., t. I, p. 116, 117, édit. Battie, Cambridge, 1729) ; revendique pour Athènes, sa patrie, la gloire de l’établissement de αγωνας και τα αθλα μεγισα μη μονον ταχο‌υς και ρωμης, αλλα και λογων και γνωμης. On imita à Delphes les panathénées ; mais aux jeux olympiques il n’exista de couronne pour la musique que lorsqu’elle fut arrachée par la vanité tyrannique de Néron (Suét., in Nerone, c. 23 ; Philostrat. apud Casaubon. ad locum, Dion-Cassius ou Xiphilin, l. LXIII, p. 1032-1041, Potter, Greek Antiquities, vol. I, p. 445-450).