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pirait et chantait ses douleurs auprès de la fontaine de Vaucluse[1]. Dans l’opinion de Pétrarque et celles des plus graves de ses contemporains, son amour était un péché, et les vers italiens un amusement frivole. Il dut à des vers et à des morceaux de philosophie et d’éloquence écrits en latin, sa réputation, qui ne tarda pas à remplir la France et l’Italie : ses amis et ses disciples se multiplièrent dans chaque ville ; et si le gros volume de ses œuvres[2] dort maintenant en paix, notre reconnaissance doit des éloges à l’homme qui, par ses préceptes et par son exemple, fit revivre le goût et l’étude des auteurs du siècle d’Auguste. Pétrarque aspira dès ses premières années à la couronne poétique. Celui qui avait obtenu dans les trois facultés les honneurs académiques, recevait le rang suprême de

    surtout le tome I, p. 123-133, notes, p. 7-58 ; le t. II ; p. 455-495, notes, p. 76-82.)

  1. La fontaine de Vaucluse, si bien connue de nos voyageurs anglais, a été décrite par l’abbé de Sade (Mémoires, t. I, p. 340-359), d’après les ouvrages de Pétrarque et ses propres connaissances locales. Ce n’était au vrai qu’une retraite d’ermite, et les modernes se trompent beaucoup s’ils placent dans la grotte Laure et son heureux amant.
  2. L’édition de Bâle, du seizième siècle, sans indication de l’année, contient douze cent cinquante pages, petit caractère. L’abbé de Sade demande à grands cris qu’on fasse une nouvelle édition des œuvres latines de Pétrarque ; mais je doute beaucoup qu’elle fût utile au libraire et agréable au public.