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mis personnels ; leurs biens furent confisqués ; les troupes de saint Pierre et celles des familles nobles rivales des Colonne assiégèrent les forteresses qu’ils avaient des deux côtés du Tibre, et après la ruine de Palestrine ou Preneste, leur principale résidence, on fit passer sur le terrain qu’elle avait occupé, la charrue, emblème d’une éternelle désolation. Les six frères, dégradés, bannis et proscrits, furent réduits à se déguiser ; ils errèrent en Europe à travers mille dangers, mais conservant toujours l’espoir du retour et de la vengeance. La France les servit dans ce double espoir ; ils conçurent et dirigèrent l’entreprise de Philippe-le-Bel, et je louerais leur magnanimité s’ils avaient respecté l’infortune et le courage du tyran captif. Le peuple romain annula les actes civils de Boniface VIII ; il rétablit les Colonne dans leur dignité et leurs possessions : on peut juger de leurs richesses par le tableau de leurs pertes, et se former une évaluation de ces pertes par les cent mille florins d’or de dédommagement qu’on leur accorda sur les biens des complices et des héritiers du dernier pape. Les successeurs de Boniface VIII abolirent prudemment toutes les censures et toutes les déclarations d’incapacité civile prononcées contre une maison, dont cet orage passager ne servit qu’à affermir plus solidement la fortune[1]. Sciarra Colonna signala

    Villani, d’après des ouï-dire, et les erreurs de quelques modernes moins exacts. On m’assure que la branche d’Étienne ne subsiste plus.

  1. Alexandre III avait déclaré les Colonne qui adhé-