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ment de la superstition, ont bien diminué les produits des jubilés ; toutefois le dernier qu’on a célébré (le dix-neuvième) a été une année de plaisir et de profit pour les Romains ; et le sourire du philosophe ne troublera pas ici le triomphe du clergé et le bonheur du peuple[1].

Les nobles ou barons de Rome.

Au commencement du onzième siècle, l’Italie était en proie à la tyrannie féodale, également onéreuse au souverain et au peuple. Ses nombreuses républiques, qui bientôt étendirent leur liberté et leur empire sur les campagnes d’alentour, vengèrent les droits de la nature humaine. On brisa le glaive des nobles, on affranchit leurs serfs, on démolit leurs châteaux ; ils rentrèrent dans la société, Ils y reprirent les habitudes de l’obéissance ; leur ambition fut bornée aux honneurs municipaux ; dans les orgueilleuses aristocraties de Venise et de Gênes, chaque patricien fut soumis aux lois[2]. Mais le faible et irrégulier gouvernement de Rome ne put dompter ses rebelles enfans, qui, dans la ville et hors des murs,

  1. M. Chais, ministre de la communion protestante à La Haye, a épuisé cette matière dans ses Lettres historiques et dogmatiques sur les Jubilés et les Indulgences, La Haye, 1751, trois volumes in-12. Ouvrage laborieux, et qui serait agréable si l’auteur n’avait préféré le caractère d’un théologien polémique à celui d’un philosophe.
  2. Muratori (Dissert., 47) allègue les Annales de Florence, de Padoue, de Gênes, etc., l’analogie des autres événemens, le témoignage d’Othon de Freysingen (De gestis Freder. X, l. II, c. 13) et la soumission du marquis d’Est.