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ment de ce qu’elle avait perdu par la translation du saint siége ; et pour qu’on ne l’accusât pas de manquer à la loi de ses prédécesseurs, il fonda cette nouvelle pratique sur la loi mosaïque, dont elle prit son nom de Jubilé[1]. [Le second jubilé. A. D. 1350.]On obéit à sa voix, et le nombre, le zèle et la libéralité des pèlerins ne le cédèrent pas à ce qu’on avait vu au premier jubilé. Mais ils essuyèrent le triple fléau de la guerre, de la peste et de la famine ; on attenta à la pudeur des femmes et des vierges dans les châteaux de l’Italie, et les farouches Romains qui n’étaient plus contenus par la présence de leur évêque, volèrent et égorgèrent un assez grand nombre d’étrangers[2]. C’est sans doute à l’avidité des papes qu’il faut attribuer ce raccourcissement de l’intervalle des jubilés, d’abord à cinquante ans, puis à trente-trois, puis à vingt-cinq. Cependant la durée du second de ces intervalles fut calculée sur celui de la vie de Jésus-Christ. La profusion des indulgences, la révolte des protestans, et l’affaiblisse-

  1. Les années et les jubilés sabbatiques de la loi de Moïse (Car. Sigon. de republ. Hebræorum, Opp., t. IV, l. III, c. 14, 15, p. 151, 152) ; la suspension de toute espèce de soins et de travaux, cette restitution périodique des terres, et cet affranchissement de dettes, de servitude, etc., paraissent une belle idée, mais l’exécution en serait impraticable dans une république non théocratique ; et si l’on pouvait me démontrer que les Juifs observaient cette fête ruineuse, j’en serais charmé.
  2. Voy. la Chronique Matth. Villani (l. I, c. 56) dans le quatorzième volume de Muratori et les Mém. sur la vie de Pétrarque, (t. III, p. 75-89).