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soixante-dix-sept ans[1] la florissante résidence du pontife de Rome et la métropole de la chrétienté. De tous côtés, par terre, par mer, et par le Rhône, Avignon est d’un accès facile ; les provinces méridionales de la France ne le cèdent pas à l’Italie : le pape et les cardinaux y bâtirent des palais ; et les trésors de l’Église y attirèrent bientôt les arts du luxe. Les évêques de Rome possédaient déjà le comtat Venaissin[2], district peuplé et fertile touchant à celui d’Avignon. Ils profitèrent ensuite de la jeunesse et de

    et un second volume d’actes et de documens. Avec le zèle d’un patriote et d’un éditeur, il justifie ou excuse pieusement les caractères de ses compatriotes.

  1. Les Italiens comparent Avignon à Babylone, et la translation du saint siége dans cette ville à la captivité de Babylone. La Préface de Baluze réfute gravement ces métaphores violentes, plus analogues à l’ardeur de Pétrarque qu’à la raison de Muratori. L’abbé de Sade est embarrassé entre son affection pour Pétrarque et son amour pour son pays. Il observe modestement que plusieurs des incommodités du local d’Avignon ont disparu, et que les Italiens qui se trouvaient à la suite de la cour de Rome, y avaient porté la plupart des vices qui ont excité la verve du poète (t. I, p. 23-28).
  2. Philippe III, roi de France, céda en 1273 le comtat Venaissin aux papes, après qu’il eut hérité des domaines du comte de Toulouse. Quarante années auparavant, l’hérésie du comte Raimond leur avait donné un prétexte de le saisir ; et ils tiraient du onzième siècle quelques droits obscurs sur quelques terres citra Rhodanum (Valois, Notitia Galliarum, p. 459-610 ; Longuerue, Descript. de la France, t. I, p. 376-381).