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que du sénat et la discipline des légions, l’Italie se trouvait tellement divisée, qu’il eût été facile de la conquérir une seconde fois. Mais, à la guerre, les Romains de ce temps n’étaient qu’au niveau des républiques des environs, et ils étaient fort inférieurs dans les arts. Leur ardeur guerrière ne durait pas long-temps ; après quelques saillies désordonnées, ils retombaient dans l’apathie nationale, ils négligeaient les institutions militaires, et recouraient pour leur défense à l’humiliant et dangereux secours des mercenaires étrangers.

Élection des papes.

L’ambition est une ivraie qui croît de bonne heure et avec rapidité dans la vigne du Seigneur. Sous les princes chrétiens, la chaire de saint Pierre était disputée par la vénalité et la violence qui accompagnent une élection populaire ; le sang souillait les sanctuaires de Rome ; et du troisième au douzième siècle l’Église fut troublée par des schismes fréquens. Aussi long-temps que le magistrat civil prononça en dernier ressort sur ces discussions, le mal fut passager et local ; que le mérite fût jugé par l’équité ou la faveur, le compétiteur évincé ne pouvait guère arrêter le triomphe de son rival. Lorsque les empereurs eurent perdu leurs anciennes prérogatives, lorsqu’on eut établi pour maxime que le vicaire de Jésus-Christ n’est justiciable d’aucun tribunal de la terre, à chaque vacance du saint siége la chrétienté courait le risque de se voir déchirée par le schisme et la guerre. Les prétentions des cardinaux et du clergé inférieur, des nobles et du peu-