Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 13.djvu/187

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Guerres des Romains contre les villes qui se trouvaient dans leur voisinage.

Sous le règne d’Adrien, à l’époque où l’empire se prolongeait de l’Euphrate à l’Océan, du mont Atlas aux collines Grampiennes, un historien plein d’imagination[1] retraçait ainsi aux Romains le tableau de leurs premières guerres : « Il fut un temps, dit Florus, où Tibur et Preneste, nos maisons de plaisance durant l’été, étaient l’objet des vœux de conquête offerts au Capitole ; nous redoutions alors les bocages d’Aricie ; nous pouvions triompher sans rougir des villages sans nom des Sabins et des Latins, et Coriole même donnait un titre qu’on ne croyait pas indigne d’un général victorieux. » Ce contraste du passé et du présent flattait l’orgueil de ses contemporains ; il les aurait humiliés, s’il avait pu leur montrer le tableau de l’avenir, s’il leur avait prédit qu’après dix siècles Rome, dépouillée de l’empire et resserrée dans ses premières limites, recommencerait les mêmes hostilités sur ces mêmes cantons qu’embellissaient ces maisons de campagne et ces jardins. Le territoire qui borde les deux rives du Tibre, était toujours réclamé comme le patrimoine

    (Annal., t. X, XI, XII) le déclin des forces et de l’autorité des empereurs en Italie ; et les lecteurs peuvent rapprocher sa narration de l’Histoire des Allemands (t. III, IV) par Schmidt, qui a mérité l’estime de ses compatriotes.

  1. Tibur nunc suburbanum, et æstivæ Præneste deliciæ, nuncupatis in Capitolio votis petebantur. On peut lire avec plaisir le passage entier de Florus (l. I, c. 11), et il a obtenu les éloges d’un homme de génie (Œuvres de Montesquieu, t. III, p. 634, 635, édit. in-4o).