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monde, Rome a éprouvé les vicissitudes du temps et de la fortune. Vos familles les plus nobles se sont transplantées dans la cité royale élevée par Constantin, et il y a longtemps que les Grecs et les Francs ont épuisé le reste de vos forces et de votre liberté. Voulez-vous revoir l’antique gloire de Rome, la sagesse du sénat et le courage des chevaliers, la discipline du camp et la valeur des légions ; vous les retrouverez dans la république d’Allemagne. L’empire n’est point sorti de Rome, nu et dépouillé. Ses ornemens et ses vertus ont aussi passé les Alpes pour se réfugier chez un peuple qui en est plus digne[1] ; ils seront employés à votre défense, mais ils exigent votre soumission. Vous dites que mes prédécesseurs ou moi nous avons été appelés par les Romains ; l’expression est impropre, on ne nous a pas appelés, on nous a implorés. Charlemagne et Othon, dont les cendres reposent ici, délivrèrent Rome des tyrans étrangers et domestiques qui l’opprimaient, et leur domination fut le prix de votre délivrance. Vos aïeux ont vécu, ils sont morts sous cette domination. Je vous réclame à titre d’héritage et de possession ; et qui osera vous arracher de mes mains ? Le bras des Francs[2] et des Germains est-il affaibli par la vieil-

  1. Non cessit nobis nudum imperium, virtute sud amictum venit, ornamenta sua secum traxit. Penes nos sunt consules tui, etc. Cicéron ou Tite-Live n’auraient pas rejeté ces images qu’employait un Barbare né et élevé dans la forêt Hercynienne.
  2. Othon de Freysingen, qui connaissait sûrement le