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par la vigueur du sénat et du peuple, obtinrent le sceptre de la terre[1] ! » Mais ces vues brillantes et trompeuses séduisirent peu Conrad, qui avait les yeux fixés sur la Terre-Sainte, et qui, bientôt après son retour de la Palestine, mourut sans venir à Rome.

Frédéric Ier. A. D. 1155.

Frédéric Barberousse, son neveu et son successeur, mit plus de prix à la couronne impériale, et gouverna le royaume d’Italie d’une manière plus absolue qu’aucun des successeurs d’Othon. Environné de ses princes ecclésiastiques et séculiers, il donna, dans son camp de Sutri, audience aux ambassadeurs de Rome, qui lui adressèrent ce discours hardi et pompeux : « Prêtez l’oreille à la reine des cités ; venez avec des intentions paisibles et amicales dans l’enceinte de Rome, qui a secoué le joug du clergé, et qui est impatiente de couronner son légitime empereur. Puissent, sous votre heureuse influence, revenir les anciens temps ! Soutenez les droits de la ville éternelle ; abaissez sous sa domination l’insolence des autres peuples. Vous n’ignorez pas que dans les premiers siècles la sagesse du sénat, la valeur et la discipline de l’ordre équestre étendirent ses armes victorieuses en Orient et en Occident, au-delà des Alpes et sur les îles de l’Océan. Nos péchés, en l’absence

    mettre l’empire in cum statum, quo fuit tempore Constantini et Justiniani, qui totum orbem vigore senatûs et populi romani suis tenuêre manibus.

  1. Othon de Freysing., De gestis Freder. I, l. I, c. 28, p. 662-664.