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chevaliers ou jurisconsultes, qui l’aidaient à la guerre et dans l’administration de la justice ; sa maison, montée sur un pied convenable, était à ses frais : sa femme, son fils ni son frère, dont on aurait pu craindre l’influence, n’avaient la permission de l’accompagner. Durant l’exercice de ses fonctions, on ne lui permettait pas d’acheter une terre, de former une alliance, ou même d’accepter une invitation chez un citoyen, et il ne pouvait retourner avec honneur dans sa patrie, sans avoir satisfait aux plaintes qu’on avait pu élever contre son gouvernement.

Brancaleon. A. D. 1252-1258.

C’est ainsi que vers le milieu du treizième siècle, les Romains appelèrent de Bologne le sénateur Brancaleon[1], dont un historien anglais a tiré de l’oubli le nom et le mérite. Soigneux de sa réputation, et bien instruit des difficultés de cette grande charge, il refusa d’abord l’honorable commission qu’on lui proposait, mais il se rendit enfin. La durée de son gouvernement fut fixée à trois ans, pendant lesquels les statuts de la ville furent suspendus. Les coupables et les mauvais sujets l’accusèrent de cruauté, le clergé le soupçonna de partialité ; mais les amis de la paix et du bon ordre applaudirent à sa fermeté et à la droiture du magistrat auquel ils durent le retour

  1. Voyez la vie et la mort de Brancaleon dans l’Historia major de Matthieu Paris, p. 741, 757, 792, 797, 799, 810, 823, 833, 836. Les pèlerinages et les sollicitations de procès maintenaient des liaisons entre Rome et Saint-Alban ; et le clergé anglais, plein de ressentiment, se réjouissait lorsque les papes étaient humiliés et opprimés.