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sermens qu’on exigeait lui imposèrent des obligations contradictoires, qui durent souvent l’embarrasser[1]. Les Romains devenus indépendans, supprimèrent un serviteur qui ne leur appartenait pour ainsi dire que pour un tiers ; ils le remplacèrent par un patrice ; mais ce titre que Charlemagne n’avait pas dédaigné, était trop grand pour un citoyen ou pour un sujet, et après la première ferveur de la rebellion, ils consentirent sans peine au rétablissement du préfet. [A. D. 1198-1216.]Environ un demi-siècle après cet événement, Innocent III, le plus ambitieux, ou du moins le plus heureux des pontifes, affranchit les Romains et lui-même de ce reste de soumission à un prince étranger : il investit le préfet avec une bannière et non pas avec une épée, et il le déclara absous de toute espèce de serment ou de service envers les empereurs d’Allemagne[2]. Le gouvernement civil de Rome fut donné à un ecclésiastique, cardinal ou destiné à le devenir, mais sa juridiction a été fort

  1. Un auteur contemporain (Pandulph. Pisan., in vit. Pascal. II, p. 357, 358) rapporte de cette manière l’élection et le serment du préfet en 1118 : Inconsultis patribus loca præfectoria… laudes præfectoræ… comitiorurn applausum… juraturum populo in ambonem sublevant… confirmari eum in urbe præfectum petunt.
  2. Urbis præfectum ad ligiam fidelitatem recepit, et per mantum quod illi donavit de præfecturâ eum publice investvit, qui usque ad id tempus juramento fidelitatis imperatori fuit obligatus, et ab eo præfecturæ tenuit honorem (Gesta Innocent. III, in Muratori, t. III, part. I, p. 487).